Matthieu, Bertea, matthieu bertea, installation, scanner, julio le parc

FA1000IA | 2019 - Exposition individuelle - Scanographies contrecollées sur dibond 21,7 x 133 cm x 8 exemplaires - Au 33, Marseille



Gestes réalisés en octobre 2018, à l'occasion du projet de résidence itinérante "Vagar", sur l'oeuvre de l'artiste argentin Julio Le Parc, au sein de l'exposition monographique "Visión" à la Casa Naranja de Cordoba. "Vagar" est un projet de résidence itinérante en Argentine entre Ushuaïa, Mendoza, Cordoba, Rosario et Buenos Aires. Sur invitation de Caroline Coll, avec la Biennale de l'Image en Mouvement ainsi que l'alliance et l'institut français d'Argentine.





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"L’haptique se dit en plusieurs sens. Sa définition la plus exhaustive relève de la conception deleuzienne formulée dans Francis Bacon. Logique de la sensation où l’idée de l’haptique est dépliée en relation à celle d’une certaine sensibilité esthétique qui s’appuie sur la combinaison entre la vue et le toucher ; une possibilité de la vision différente de l’optique. Son origine étymologique, celle du verbe grec « apto » (toucher) exprime la dimension tactile du terme, alors que la deuxième partie du mot fait écho à la perception optique propre à l’espace de la vision. De là nait l’idée de l’alliage entre les deux sens : « haptique est un meilleur mot pour tactile puisqu’il n’oppose pas deux organes de sens, mais laisse supposer que l’oeil peut lui-même avoir cette fonction qui n’est pas optique » (Deleuze, Mille Plateaux, Paris, Éditions de Minuit, 1980, p. 614). C’est donc précisément dans la collaboration entre les deux sens que la notion de l’haptique s’installe, lorsqu’il n’y a plus de subordination entre la main et l’oeil, lorsque la vue découvre « une fonction du toucher qui lui est propre » et qui se distingue de sa fonction optique (Deleuze, Francis Bacon. Logique de la sensation, Paris, Éditions du Seuil, 1972, p. 146). Postulant l’insubordination de la main à l’oeil, Deleuze définit « le sens haptique de la vue » comme étant un « troisième oeil » à travers lequel la création artistique prend forme dans le cadre d’une proximité haptique que le corps de l’artiste partage avec son corrélat artistique.

Avant Deleuze, Riegl a été le premier à théoriser le terme « haptish ». Ses considérations sur la mémoire tactile et l’artiste incarné dans sa main ouvrent la voie à une nouvelle approche esthétique non pas organisée à partir de la vision mais, selon Parret, à partir « du toucher, du rapprochement et de la matérialité résistante » (Herman Parret, « Spatialiser haptiquement », Actes sémiotiques [En ligne], 2009, n° 112. Disponible sur :http://epublications.unilim.fr/revues/as/2570). Ce propos est anticipé par Herder dans sa théorie psycho-esthétique de la sensorialité humaine. L’auteur y prône une nouvelle esthétique haptique fondée sur la réinscription de la vision dans le toucher et y reconnaît le rôle du corps comme vecteur dans l’établissement de la connaissance (J. G. Herder, Werke, Wissenschafliche Buchgesellschaft, Darmstad 1987; Trad. Anglaise : « Sculpture. Some Observations on Shape and Form from Pygmalion’s Creative Dream, trad. Jason Gaiger, Chicago; Londres, The University of Chicago Press, 2002.). Derrida remarque finalement que le toucher nous ramène souvent à la réalité de la main qui, pour les phénoménologues, s’articule dans un rapport à l’esprit et à la perception (Derrida, Le toucher, Jean-Luc Nancy, Paris, Galilée, 2000, p. 193). Cette réflexion ne saurait être exclue d’une étude de l’expérience haptique, à condition que la main soit définie, selon l’expression de Paul Valéry, comme « la main de l’oeil » (Valéry, Cahiers, II, Paris,Pléiade, 1974, p. 1301). À la lumière de ces réflexions, cet appel questionne la contribution du toucher à la perception visuelle selon deux axes : la transformation de la notion classique de l’esthétique causée par l’haptique et l’évolution de ce dernier concept et son application actuelle. En effet, si l’haptique comme notion opératoire s’inscrit dans les réflexions portées par l’histoire de l’art, l’intégration de nouvelles technologies qui sollicitent une interaction entre les sens et les images est susceptible de venir transformer radicalement sa signification. De nouvelles approches concernant la relation du corps avec les oeuvres, l’éclosion de théories s’intéressant aux rapports entre le son et les arts plastiques ainsi que l’évolution des pratiques muséales pourraient également modifier l’utilisation du terme."

Extrait : Colloque des étudiants en histoire de l’art de l’Université de Montréal 13-14 novembre 2014




FA1000IA | 2019 - Captations vidéos - Gestes réalisés sur une oeuvre de Julio le Parc durant le projet de résidence itinérante Vagar avec l'alliance et l'institut français d'Argentine.




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Tu veux aller voir le parc ? Et mon espagnol me fait entendre si elle desire qu'on aille au parc. Je lui répond que oui et apres quelques minutes de marche nous arrivons au pied un grand immeuble avec écrit Naranja dessus. J'y vois l'affiche d'une exposition et comprends que le Parc était en fait un artiste, Julio de son prénom. Comme souvent les gardiens d'exposition me suivent comme des mouches car la vue du scanner dans la paume de ma main excite a coup sur leur inquiétude. J'entame alors mon ballet habituel, entre jeu de cache-cache et visite d'exposition. J'y apprend que l'artiste cofonde dans les années 60 le Groupe de Recherche d'Art Visuel (GRAV) avec Morellet, Rossi, Sobrino, Yvaral et Stein et que durant cette période ils avaient a plusieurs reprises expérimenté des oeuvres pouvant être touchées ou manipulées par les visiteurs. Il ne m'en faut pas plus pour mettre en pratique mon numéro special : celui de numériser des choses au milieu d'une salle d'exposition et notamment les messages stipulants de ne pas toucher les oeuvres. Et force est de constater que c'est aussi efficace que du papier tue-mouches. Après quelques minutes je me met a quatre pattes au milieu de la grande salle et je sens déjà tous les regards se tourner vers moi. Des gardiens de salle aux visiteurs présents, en passant par la personne chargée de la médiation culturelle. L'atmosphère s'allourdi et procure à l'ensemble des protagonistes une tension presque palpable. Plus personne ne regarde les oeuvres durant quelques secondes. J'allume mon scanner et commence a le positionner sur le sol à l'endroit du message. "Por favor no tocar" (s'il vous plaît, ne pas toucher) imprimé sur du plastique adhésif blanc. Les gardiens se regardent et un d'entre eux décide de venir à moi. Il accèlère le pas au plus j'avance sur le lettrage et en arrivant à ma hauteur me signale en espagnol que je n'ai pas le droit de toucher. Je termine mon geste et souris en lui demandant avec certainement quelques approximations linguistiques si je n'ai pas le droit de toucher les oeuvres ? Ou si je n'ai pas le droit de toucher le message qui dit que je ne peux pas toucher les oeuvres ? MB



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